En poussant face à Josef Aschbacher le cri d’alarme « Si on ne bouge pas plus vite, on va tous crever ! », Philippe Baptiste – président du CNES – avait-il conscience de faire écho à cette prophétie d’Elon Musk qui déclarait en 2006 à l’ensemble des décideurs du Legacy Space : « Je suis le fondateur de SpaceX. Dans cinq ans vous êtes morts. » ? Force est de constater que tout semble réussir à l’ogre SpaceX, ses 6 400 satellites Starlink en orbite et sa centaine de lancements Falcon annuels, tandis que l’Europe spatiale voit son leadership historique s’effondrer, tant dans le domaine de l’accès à l’espace que des satellites de télécommunications, deux segments stratégiques de l’industrie spatiale amont.

Mais paradoxalement, SpaceX, qui semble hégémonique sur ses segments de prédilection, sert en même temps de catalyseur à la montée en maturité de nouveaux business models spatiaux pour qui la barrière de l’accès à l’espace pourrait s’abaisser.